L’enquête archéologique se poursuit au fil des travaux de restauration à l’abbaye Notre-Dame du Vivier à Marche-les-Dames.  Elle permet de remettre sur le métier, sur base des sources matérielles, toute l’histoire de cette petite communauté de moniales cisterciennes.  De fond en comble, l’étude des structures exceptionnellement bien conservées de l’abbaye nous mène au plus près de Mère Yvette et de ses sœurs : une pièce de bois aussi petite qu’une cheville servant à assembler une charpente contribue à éclairer le dossier touffu de la fondation de l’abbaye ; Un pan-de-bois « fantôme » vient montrer combien les travaux qui suivent la réforme de Marie de Berwier furent conséquents ; une fenêtre du 18e siècle illustre la volonté de mise en scène de ce siècle et une collection impressionnante d’encriers retrouvés dans un dépotoir nous rapproche de l’accueil fait aux jeunes pensionnaires du 19e siècle.  

Bien que cloitrées dans le silence, nous verrons que les religieuses sont bien ancrées dans le siècle, suivant les pratiques de leur temps et  exploitant au mieux les ressources matérielles à leur disposition pour maintenir leur installation à l’équilibre vaille que vaille, tout en souscrivant aux indications de la Règle de Saint-Benoît, de l’Ordre, de leurs protecteurs et de leur évêque. 

En somme, l’abbaye, une maison (presque) comme les autres !

Parmi les richesses patrimoniales encore visibles aujourd’hui à l’abbaye Notre-Dame du Vivier à Marche-les-Dames, les vitraux méritent une attention particulière, qu’ils soient anciens ou plus récents. Deux verrières du 18e siècle subsistent dans le cloître et l’église a été vitrée au tout début du 20e siècle. Loin d’être de simples ornements, ces oeuvres sont en quelque sorte des archives translucides. Elles témoignent d’une manière unique de l’histoire religieuse, artistique et sociale du site, en rappelant des figures fondatrices et en matérialisant des dynamiques spirituelles et patrimoniales fortes. À travers elles se dévoilent les trajectoires d’hommes et de femmes de foi, de bâtisseurs, de bienfaiteurs, d’artistes, de praticiens, porteurs d’une mémoire collective ancrée dans l’abbaye. Elles contribuent à inscrire l’abbaye dans une histoire longue, marquée par des liens solides entre spiritualité, art et identité locale.